| COUVRE-FEU, subst. masc. A.− Sonnerie qui donne l'avertissement d'éteindre les lumières et de ne plus sortir de chez soi. Le signal du couvre-feu. Le couvre-feu sonne à neuf heures (Ponson du terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 64).Premières et sinistres mesures du couvre-feu (Courteline, Train 8 h 47, Inspection trimestr., 1885, I, p. 191): 1. Le couloir central du Carmel, au premier étage. Les cellules donnent toutes sur ce couloir faiblement éclairé. Cloche du couvre-feu. La Prieure pousse la porte entrouverte de la cellule de Blanche.
La Prieure : − La règle est de fermer sa porte, mon enfant...
Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, p. 1588. − Interdiction de circuler, de sortir de chez soi par mesure de police ou en vertu d'un ordre de l'autorité militaire. Heure du couvre-feu; sortir avant, après le couvre-feu. La discipline du moyen âge et le joug du couvre-feu (Hugo, Mis.,t. 1, 1862, p. 537).Pendant la durée du couvre-feu actuel, les représentations de l'opérette « Eulalie » auront lieu en matinée les samedi, dimanche et lundi à 13 h 45 et se termineront à 16 h 30 (
Œuvre,11 déc. 1941) : 2. Toute assemblée ou réunion était interdite. Tout le monde devait rentrer chez soi dès que le couvre-feu était sonné; on avait fait boucher les fenêtres des cuisines qui donnaient du rez-de-chaussée sur la rue; chaque maison devait avoir un tonneau plein d'eau devant la porte. Enfin jamais police plus sévère ne s'était faite dans la ville.
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 145. B.− P. ext. et au fig. [Le composé étant pris comme symbole] Étouffement de l'intelligence, des aspirations légitimes; déclin ou fin de quelque chose qui représentait une valeur collective. À la fin de chaque grande époque, on entend quelque voix dolente des regrets du passé, et qui sonne le couvre-feu (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 680): 3. La philosophie des lumières aboutit alors à l'Europe du couvre-feu. Par la logique de l'histoire et de la doctrine, la Cité universelle, qui devait être réalisée dans l'insurrection spontanée des humiliés, a été peu à peu recouverte par l'Empire, imposé par les moyens de la puissance.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 289. Prononc. et Orth. : [kuvʀ
əfø]. Au plur. reste invar. pour Ortho-vert 1966, p. 174; cf. aussi Littré. Cf. cependant Dupré 1972, p. 556. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiiies. (Renard, éd. E. Martin, XIII, 110 : covrefeu soner); 2. 1636 « instrument à couvrir le feu » (Monet). Composé de la forme verbale couvre (couvrir*) et de feu*. Fréq. abs. littér. : 73. Bbg. Lew. 1960, p. 126. |